Fabriquer son macérât huileux de A à Z

25 Août 2021Santé

Depuis plus de 20 ans maintenant, je réalise moi-même mes macérâts huileux de plantes. Faire un macérât huileux est une activité très simple et permet d’obtenir des extraits de plantes médicinales très intéressants et pour toute la famille. Vous pouvez fabriquer vos macérâts de plusieurs manières, avec des plantes fraîches, séchées, ou « semi-séchées », avec diverses huiles, ou intermédiaire avec de l’alcool…

Il y autant de variantes possibles que de plantes et d’huiles végétales qu’il est impossible de toutes les énumérer mais, je vais tenter de partager avec vous les différentes techniques que j’ai acquises et que je choisi en fonction de la plante que j’ai entre les mains et du temps que je souhaite y consacrer ( le délai de macération varie en fonction de la méthode) si j’ai besoin de l’extrait rapidement j’utiliserais donc une technique accélérée. 

Le macérât que je suis sûr de reproduire chaque année, c’est celui de « soucis des jardins », celui qu’on appelle aussi le calendula. C’est l’un des macérât huileux les plus connus, car il est souvent utilisé en cosmétique et notamment dans les soins pour bébés ou dans les soins des peaux sensibles. Il pousse assez facilement dans les jardins français, on peut le cultiver soi-même sans soucis (notez le jeu de mot …). Il est parfait pour calmer les brûlures, les irritations, les éraflures … Ce macérât huileux sera un cadeau parfait pour toutes les mamans de votre entourage. Vous pouvez bien sûr utiliser de nombreuses autres plantes, je pense notamment à l’arnica, au millepertuis, au plantain, à la consoude, la vanille … Tout est possible et tout est envisageable !

Le choix de l’huile 

Il n’y a pas de macérât huileux sans huile. Bien sûr, pour faire son macérât, je ne vous conseille pas d’utiliser n’importe quelle huile. Bien qu’elles puissent certainement faire l’affaire dans une moindre mesure, certaines rancissent trop vite et d’autres ne seront pas forcément adaptée à l’utilisation que vous souhaitez en faire.

Par exemple, vous souhaitez faire un macérât huileux de gousses de vanille pour aromatiser vos plats, mais vous allez peut-être également l’utiliser pour parfumer vos crèmes maisons pourquoi pas utiliser l’huile de noisette, vous souhaitez faire un macérât huileux avec des herbes aromatiques comme l’origan, le thym ou le romarin pour vos pizzas et vos plats italiens, optez pour une huile d’olive fruitée (et pourquoi pas d’origine italienne pour aller jusqu’au bout de votre démarche…). Les associations sont infinies, mais la première chose que je vous conseille pour votre choix, c’est d’utiliser une huile qui restera stable au fil des mois, c’est-à-dire une huile ayant un bon rapport en acide gras mono-insaturés de façon à limiter le rancissement des molécules de l’huile par les radicaux libres.

A titre d’exemple : il y a les huiles à dominante en acide gras polyinsaturés, que je recommande parfaitement dans l’alimentation, mais pas pour la fabrication d’un macérât huileux. Ce sont les huiles les plus sensibles, elles rancissent le plus vite. Et donc pas idéal pour ce type de préparation (mais pas impossible, si vous souhaitez quand même les utiliser, il faudra soit les coupler avec d’autres huiles plus stables, soit ajouter un actif antioxydant naturel comme de la vitamine E (0.5 à 1%) ou des huiles essentielles notamment celle de Romarin fréquemment utilisée comment antioxydant naturel dans ce genre de préparation (0.5 à 1% également ). Il y a les huiles à dominante en acide gras mono-insaturées, ce sont celles que je recommande, car elles sont liquides à température ambiante et s’oxydent assez peu. (Sauf si on les chauffe à des températures trop hautes.) Je pense notamment à l’huile d’olive couramment employée pour ce genre de préparation (elle contient plus de 75 % d’Acides gras mono-insaturés). J’utilise également l’huile végétale de Jojoba qui en contient environ 90 % pour les macérats à visées cosmétiques elle est parfaite (mais plus coûteuse) , l’huile végétale de noisette qui en contient environ 80 %, l’huile végétale de Macadamia en est composée d’environ 75 %. Il y a également dans une moindre mesure les huiles végétales d’Argan (environ 50 %) et de Son de riz (environ 45 %) qui peuvent être intéressantes notamment pour les macérations à visée cosmétique.   

Les huiles à dominante en acide gras saturées sont les plus stables, le problème est qu’elles sont solides à température ambiante empêchant par conséquent une bonne extraction. Je pense au beurre de cacao, l’huile de palme, Ghee, etc. Néanmoins, l’huile de coco est une excellente alternative si vous souhaitez réaliser une macération pendant l’été car elle est réputée pour être un excellent solvant, mais l’hiver sachez que vous aurez une huile solide, ce qui n’est pas forcément très pratique… Certaines personnes utilisent également la fraction liquide de l’huile de coco, on l’a trouve sous le nom d’huile de coco fractionnée (ou son nom commercial : Caprylis) cette huile reste liquide même pendant la saison froide – mais elle est transformée, à vous de voir donc…

Évidemment, pour réaliser vos macérations, priviligiez des huiles vierges, pressées à froid et issues d’agriculture biologique. En effet, les produits chimiques et pesticides sont liposolubles et se concentrent dans les huiles végétales. Privilégiez également l’achat des huiles dans des packagings en verre (surtout pas de plastique, qui migrent facilement dans les corps gras), teinté pour la préserver au maximum des effets néfastes des ultraviolets.  

Les huiles végétales mono-insaturées citées plus haut sont stables et se conservent environ deux ans facilement en prenant quelques précautions. Stockez-les dans un endroit frais, sec et l’abri de la lumière. Dans un placard fermé, c’est l’idéal pour une huile végétale type huile d’olive, mais si vous optez pour des huiles plus sensibles à dominante en acide gras polyinsaturés, (ce que je ne préconise pas pour ce genre de préparation), je vous conseille de les conserver dans la porte du réfrigérateur avec l’ajout d’un antioxydant naturel (voir + haut ) , le temps de conservation sera d’environ 6 voir 9 mois. 

Le choix des plantes

Une fois les plantes à maturité, il suffit de les cueillir, toujours avec respect pour la flore qui vous entoure et de les placer sur un tamis, clayette, ou un panier avec des mailles assez larges pour laisser passer l’air et de les laisser sécher quelques jours. Évitez les sacs plastiques qui viennent étouffer les plantes et les font suinter. On cherche à retirer un maximum d’humidité dans la plante et pas l’inverse. Évidemment, cette technique est la même pour toutes les plantes fraîches que vous les cueilliez dans votre jardin, dans un près, ou autre (éviter bien sur la cueillette dans les endroits pollués ou en bordure de route et privilégiez les plantes les plus hautes ). Il vaut mieux les laisser sécher quelques jours dans un endroit sec et aéré, mais pas en plein soleil (encore une fois, pour ne pas que les UV ne viennent altérer les principes actifs naturellement présents dans la plante) avant de préparer le macérât. 

Retournez les fleurs plusieurs fois par jour pour faire passer l’air et accélérer le séchage. Personnellement, je n’utilise pas de déshydrateur, je préfère le faire de façon manuelle, j’y trouve une vraie satisfaction personnelle et je pense que cela peut altérer légèrement la concentration en principes actifs, mais sachez que c’est possible. Il est également possible d’en faire des petits bouquets et de les faire sécher suspendues avec une ficelle naturelle et têtes en bas. L’air doit circuler autour de la plante.

NB: Sachez que vous pouvez également acheter des plantes séchées prêtes à l’emploi en herboristerie ou dans un magasin d’alimentation biologique, (privilégiez toujours des plantes entières !) même si la démarche n’est pas tout à fait la même, mais c’est tout à fait possible surtout si vous avez besoin d’une plante en particulier. 

Je laisse sécher ma plante 3/4 jours . J’appelle cette technique « plante semi-sèche » car la plante n’est pas tout à fait séchée, mais elle l’est assez pour ne pas trop perdre ses qualités et pour ne pas que mon huile soit remplie d’eau et ne fermente, ce qui a terme, ferait rancir le macérât. 

Vous pouvez également laisser sécher vos plantes jusqu’à sèche complète, le temps dépendra de la plante et de sa taille (pressez le bouton de la fleur entre vos doigts, s’il est encore humide et qu’il ne s’effrite pas entre vos doigts, la plante n’est pas encore tout à fait sèche.) De plus, les pétales sèchent relativement vite tandis que le reste de la plante contient encore de l’eau.

Macération simple

Temps de préparation : 1 mois

Il suffit de placer vos fleurs séchées ou « semi-séchées » dans un bocal en verre parfaitement propre (type Mason jar, Le parfait, conserve en verre, pot de confiture…) et de verser l’huile végétale de façon à recouvrir entièrement les plantes. Il n’y a pas de quantité précise cela dépendra du diamètre de votre bocal. Il faut absolument que l’huile recouvre toute la surface de la plante. Si vous n’avez que peu de plante, il vaudra mieux avoir un bocal assez étroit.

Ensuite, je couvre la préparation avec une compresse de gaze stérile que je fais tenir avec un élastique (une ficelle peut marcher aussi). Cela permet au mélange de « respirer » et de laisser s’évaporer l’humidité omniprésente, mais le protège des impuretés ou insectes qui pourraient être tentés de plonger dedans. ( les bocaux munis d’un petit tamis pour faire pousser les graines germées sont parfaits pour cette opération ! ) . Certaines plantes absorbent beaucoup d’huile, vérifiez le lendemain et si besoin, ajoutez un peu d’huile dans votre bocal. Les plantes doivent toujours être totalement immergées. Placez votre bocal au soleil, mais pas de lumière directe, le bocal doit être au chaud, mais pas en plein soleil.

Par exemple, en été, placez votre bocal dans un petit carton sur le coin de la fenêtre. En hiver, près d’un radiateur est une bonne alternative. Remuez le mélange régulièrement et filtrez un mois après au minimum, un mois et demi me semble mieux (6 semaines). Vous pouvez également corser le mélange en répétant cette opération avec de nouvelles plantes dans la même huile infusée pour avoir un macérât encore plus concentré en principes actifs.

Pour filtrer le mélange, j’utilise un entonnoir ou un chinois/tamis et deux grandes compresses stériles dépliées et mises l’une sur l’autre. L’avantage, c’est que j’en ai toujours dans l’armoire à pharmacie. (Une étamine comme pour faire du fromage ou du lait végétal fera également très bien l’affaire, vous pouvez aussi utiliser un morceau de torchon fin, un morceau de drap propre…du moment que ça filtre , c’est ok! ). Une fois l’huile filtrée, essorez la plante et effectuant une torsion du linge et en pressant la plante de vos mains pour récupérer un maximum d’huile infusée.

Laissez ensuite décanter l’huile obtenue au moins une journée dans un bocal et vérifiez qu’il n’y ait pas une couche d’eau séparée de l’huile. S’il y en a, c’est que la plante n’était pas assez sèche, mais rassurez-vous , ce n’est pas grave, le mieux est de récupérer l’huile par le dessus, à l’aide d’une louche ou cuillère à soupe en faisant attention de ne pas remuer le mélange (comme pour récupérer l’huile essentielle surnageant sur un hydrolat). Vous pouvez aussi la siphonner à l’aide d’une pipette Pasteur si vous en possédez une. Une fois l’huile récupérée, il suffit de conditionner votre macérât en bouteille.

Si vous utilisez une plante fraiche ou « semi sèche » , vous pouvez également ajouter une belle couche de gros sel au fond du bocal, qui va capter l’humidité de la plante et disparaîtra à la filtration puisque le sel ne se dissout pas dans l’huile. N’oubliez pas ensuite de l’étiqueter en indiquant le nom de la plante, l’huile utilisée et la date de fabrication.

Macération à chaud

Temps de préparation : 1 semaine

Il existe aussi la macération à chaud. La méthode est plus ou moins identique, mais nécessite un contrôle de la température de l’huile à environ 40°c. La température favorise en effet, l’extraction et divise le temps de macération par 4 . Il faut compter environ 7 jours de macération pour cette méthode (certains parlent de 3 jours d’autres 10 jours.Personnellement, je trouve que 7 jours sont nécessaire pour obtenir un macérât de bonne concentration).
Certains utilisent un autocuiseur, d’autre une yaourtière et d’autre encore la chaleur d’un four à basse température ou celle d’un déhydrateur. C’est une méthode que je ne pratique plus trop car je la trouve contre-intuitive, elle consomme pas mal d’électricité et surtout, je pense que la patience fait aussi partie du jeu.

Mais, je vais tout de même vous expliquer ma méthode qui consiste à mettre ma préparation plante et huile dans un autocuiseur en fonction « maintien au chaud » , pour ne pas altérer les composants de la plante et de l’huile, il ne faut pas la chauffer trop, donc la fonction maintien au chaud est intéressante pour maintenir le macérât au chaud, mais pas trop chaud!

Si vous avez un appareil ou vous pouvez contrôler la température avec un thermostat, c’est encore mieux : 35 à 40 degrés étant l’idéal. Je verse de l’eau tiède dans mon autocuiseur  et j’y dépose mon bocal de façon à créer un bain-marie (l’eau doit être à peu près à mi hauteur de mon bocal ) et je couvre ensuite avec un torchon fin et non avec le couvercle de l’autocuiseur pour éviter les gouttes de condensation créées par la chauffe et laisser s’évaporer l’eau qui pourrait être encore présente dans les plantes. Je mélange régulièrement.

Avec une yaourtière, le procédé est le même, il ne faut pas de couvercle sur les pots de yaourts, mais on peut mettre le couvercle sur la yaourtière, sauf qu’il ne faut pas oublier de la relancer tous les jours pendant 1 semaine. Une fois la semaine écoulée, filtrez puis laissez décanter de la même façon que dans méthode de macération simple (voir plus haut). J’ai recemment testé avec un chauffe-tasse usb , et je trouve cette option parfaite car elle est plus économique en energie (contrairement à l’autocuiseur) et chauffe à la bonne température (à voir bien sûr selon les chauffe-tasse et cela permet également de ne pas bloquer un autocuiseur pendant 1 semaine.)

Macération avec intermédiaire alcoolique

Temps de préparation : 1 journée

L’alcool est connu pour être le meilleur solvant. Si l’on veut une extraction totale de la plante, il s’avère être un excellent choix. Seulement l’huile végétale est tout de même un produit très intéressant notamment pour la préparation des baumes médicinaux et tous produits à usage cutanée. Même si la première méthode, la plus classique s’avère la plus simple et la plus en accord avec l’énergie de la nature et la sagesse des plantes, cette méthode-ci est très interessante car elle permet d’obtenir un extrait très concentré très rapidement, puisqu’elle ne nécessite qu’une journée pour obtenir une belle extraction.

Dans l’idéal , il faut utiliser l’alcool le plus pur possible . Malheureusement en France, on ne trouve pas d’alcool pur et non dénaturé (sauf si vous êtes un professionnel de la parfumerie et encore ), car plus l’alcool contient d’eau , moins il sera efficace et plus son évaporation longue (avec un risque accru de fermentation). Personnellement , j’utilise de l’alcool Surfin à 96°, c’est la meilleure alternative que j’ai pu trouver pour ce type de préparation, mais c’est assez difficile de s’en procurer . (J’en trouve ici)

Voici la méthode que j’ai peaufiné après mes diverses lectures, formations et tests personnels. C’est une méthode qui était, apriori,  déjà utilisée par les apothicaires d’antant  mais quelque peu « remasteurisé » car je ne suis pas sûr que les apothicaires et herboristes du siècle dernier utilisaient un blender… 😉 Placez la plante séchée dans un blender , réduisez-la en poudre grossière, placez-la ensuite dans un grand bocal et ajoutez la moitié de son poids en alcool. (Par exemple, si vous avez 50g de plante, vous ajoutez 25g d’alcool surfin à 96°). Fermez le bocal et secouez bien le mélange de façon à ce que l’intégralité de la poudre de plante soit humide. La plante va s’humidifier très légèrement avec l’alcool, mais pas détremper. Même si c’est très tentant, n’ajoutez pas plus d’alcool car il va devoir s’évaporer ensuite ! Laissez reposer le bocal fermé hermétiquement pendant 2 ou 3 heures en secouant régulièrement. Versez ensuite cette préparation dans le blender et ajouter 7 fois le volume de la plante en huile végétale (pour notre exemple de 50g de plante il faudra 350g d’huile) et mixez jusqu’à ce que le mélange chauffe naturellement en retirant le petit bouchon en haut du robot pour laisser s’évaporer l’humidité et l’alcool.

En chauffant, l’extraction va être améliorée et l’alcool va mieux s’évaporer, mais il ne doit pas chauffer à plus de 40° pour ne pas altérer les propriétés de l’huile et de la plante. Restez vigilant. Si vous avez , vous pouvez utiliser un thermomètre, sinon, sachez que 40°, c’est la température la plus chaude que vous pouvez toucher sans vous brûler les doigts. Filtrez ensuite le mélange de la même manière que les deux méthodes précédentes. Si votre mélange sent encore l’alcool, laissez-le décanter dans un saladier à bord large durant 24h à couvert avec un linge léger et propre (type gaze) . Conditionnez ensuite votre mélange en bouteille et n’oubliez pas d’étiqueter comme expliqué plus haut.

Pour le conditionnement, je vous conseille d’utiliser des bouteilles/flacons toujours en verre et de préférence ambré (ou teinté foncé) pour une meilleure conservation et de stockez vos flacons a l’abri de la lumière et de l’humidité.

Achats & Sources : 

2 Commentaires

  1. Adeline Lapierre

    Bonjour, dans le passage de votre article sur la macération avec intermédiaire alcoolique, vous faites un lien sur un site de vente d’alcool surfin mais qui est dénaturé et » impropre à la consommation » comme le site le précise, est-ce bien cet alcool que vous utilisez pour vos préparations de macération de plantes ? Merci de votre réponse.
    Cordialement
    Adeline

    Réponse
    • Emilie

      oui mais pour un usage cosmétique uniquement 🙂

      Réponse

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